« Plus nous serons considérés comme partenaires-acteurs plutôt que palliatif sociétal et plus la relation gagnant-gagnant sera importante »
Développement des activités annexes
Bien qu’il soit possible de développer des activités annexes (conception de site, logiciels ou applications, formations, vente de pièces détachées...), ces points ne sont pas abordés ici, le but des structures n’étant que peu souvent liés à cela, mais axés sur le reconditionnement, voire l’autonomie des adhérents.
Les activités annexes sont des à-côtés pour avoir une activité principale qui est mal reconnue et souvent mal rémunérée.
Il n’est pas possible d’augmenter le tarif des adhésions ou de ventes d’ordinateurs plus qu’un certain point, sinon, les personnes précaires n’y auraient plus accès.
L’état reconnaît la précarité numérique, en parle, incorpore des solutions par le législatif et voit les effets négatifs sur les populations touchés.
Il n’y a pourtant pas de solutions clairement engagées et les structures qui gèrent cela sont souvent elles-mêmes précaires avec des salaires proches du minimum (SMIC à temps plein ou temps partiel) en contrat aidé donc non pérennes.
Une gestion intégrée aurait pour conséquence une augmentation du volume récupéré et ne laisserait pas beaucoup de place aux activités annexes.
Si notre activité a vraiment le sens reconnu par l’état, n’y a t-il pas une valorisation possible ? Ce sont les pistes que nous allons voir.
Valorisation par crédit carbone
J’ai réalisé en 2009, au sien de l’association « La Fabrique du Libre » un rapport pour le programme Ordi 2.0, priorité gouvernementale de lutte contre la fracture numérique. La présentation du rapport telle qu’elle est sur le site Ordi 2.0 :
Il s’agit aussi de démontrer sans contestation possible et dans le cadre du respect d’une charte, que le reconditionnement d’un ordinateur est globalement positif en termes d’émissions de carbone, ce qui pourrait permettre de financer le reconditionnement (100 à 150 euros par machine) dans le cadre de fonds de compensation carbone, au même titre que la plantation d’arbres, le financement d’unités de production d’énergies renouvelables pour les PEDs (Pays en développement NDLR).
Le résultat en résumé
Un ordinateur reconditionné remplaçant l’achat d’un neuf représente environ 300 kg equ. C environ à 6 € la tonne dans le meilleur cas, cela aurait fait une valorisation de 1.80 € par ordinateur. (Oups, j’ai oublié de multiplier par 3/8 qui représente les 3 ans d’espérance de vie d’un ordinateur reconditionné, qui a déjà 5 ans au moment où il est récupéré)
Le meilleur cas étant que chaque ordinateur remplace l’achat d’un neuf. Ceci n’était pas le cas étant donné que des personnes en difficulté financière n’auraient pas pu en acheter un.
Du coup, l’hypothèse de 100 à 150 euros par machine était purement irréaliste. Les données n’allant pas dans le sens voulu, le rapport n’a pas été publié et est toujours marqué « en cours » [1]. Il s’agissait à priori du seul plan de financement envisagé [2].
Les points retenus
Ce que j’ai appris pendant cette étude, c’est qu’il y a des erreurs d’addition dans les chiffres de l’ADEME qui servent de références au calcul, des sources inconnues avec des chiffres ayant des valeurs anormales. Ce n’est pas le sujet, mais si ça vous intéresse voici une critique de l’approche et des éléments plus qu’étonnants.
Le tableur reste utilisable pour faire un calcul de bilan Carbone. Pour savoir comment l’utiliser, vous pouvez poster un message en bas de cet article.
Valorisation par tonnage détourné
Le coût du traitement des DEEE est extrêmement variable ((entre 36 et 416 €). [3]. Plus on est en hypercentre, avec des fréquences ajustées plus le coût est faible.
Hypothèse optimistes, pour voir si le calcul vaut le coût d’être affiné :
- On estime un ordinateur portable à 3 kilos en moyenne,
- On estime le poids d’un ordinateur fixe complet à 12 kilos.
- La valorisation à la tonne détournée est à 20 %
- Le coût local est de 250 €
Une tonne d’ordinateurs fixes = 83 ordinateurs soit une valorisation de 0,9 € / ordinateur.
Une tonne d’ordinateurs portables = 333 ordinateurs soit une valorisation de 0.225 € / ordinateur. (Oups, j’ai oublié de multiplier par 3/8 qui représente les 3 ans d’espérance de vie d’un ordinateur reconditionné, qui a déjà 5 ans au moment où il est récupéré)
Les hypothèses sont assez optimistes et le gain est assez faible. Cela vaut peut-être le coup d’affiner pour des structures à très gros volumes.
Le retour à l’emploi
Ceci est un travail en cours, qui calcule l’impact économique du reconditionnement d’ordinateurs et de l’autonomisation des bénéficiaires, principalement par le retour à l’emploi.
Les données sont propres à chaque structure et à chaque secteur géographique.
Les données doivent être plus fournies et sont en attente des chiffres officiels de l’enquête « retour à l’emploi » [4], afin de pouvoir finaliser l’approche de calcul.
Les résultats provisoires en résumé
Dans le cas de l’association Nâga, basée à Rezé.
Sur 100 personnes, 46 était sans emploi (dont 25 au RSA et 21 au chômage) et 20 qui en ont retrouvé un au bout d’un an.
L’ordinateur, par manque de matériel ou de compétences pouvait être un frein et 81 % pense que cela a joué beaucoup dans leur retour à l’emploi 13 % pense que ça a joué un peu.
Hypothèses basses :
- Chômage à 1 000 euros brut * 12 mois = 12 000 euros
- RSA 414 * 12 = 4968 euros (on ne compte pas les APL)
- Soit un coût pour l’état de 12 000 * 21 personnes + 4968 * 25 personnes = 376 200€
- 44% ont retrouvé un travail cela fait 165 440 € d’économisés pour 100 adhérents.
- Nous avons eu 167 adhérents particuliers cette année soit 276 285 € d’économisés.
- À cela il faudra enlever le pourcentage de retour à l’emploi classique selon les provenances géographiques de nos adhérents.
- Ce chiffre sera proratisé en fonction d’un pourcentage d’aide demandé sur l’économie réalisée.
Cela démontrera que plus nous sommes soutenus, en plus du bénéfice sociétal, il y a un bénéfice financier.
Plus nous serons considérés comme partenaires-acteurs plutôt que palliatif sociétal et plus la relation sera gagnant-gagnant.
Si nous disparaissons dû à des problèmes financiers, ce sont des frais en plus pour la société.
Avec le passage des administrations sous Linux, le besoin d’acteurs locaux connaisseurs dans le domaine pourrait se faire ressentir rapidement.
Pour des établissements scolaires, un ordinateur reconditionné, c’est une économie d’environ 300 € par machine. (Hypothèse ordinateur à 100 €, ce que propose Nâga avec une garantie de 2 ans, comme un ordinateur neuf).
Pour l’instant, nous ne prospectons pas les gisements importants de 1000 à 4000 ordinateurs, car les demandes ne sont pas aussi grandes.
La structure pourrait être complètement autonome, avoir un impact fort et développer encore plus sa proximité avec les adhérents en vue de leur autonomisation et accompagnement de projets, ou encore l’association pourrait ouvrir des « antennes » ailleurs.