Cette partie se penche sur les problématiques et les propositions liées à une gestion intégrée.
Le système d’exploitation
Il est difficilement envisageable de reconditionner des ordinateurs sous Windows, système d’exploitation coûteux.
Même dans le cas de gratuité de licences accordées à des structures, hors Windows XP qui n’est plus maintenu, nous faisons face à des systèmes d’exploitations gourmands en ressources.
Linux, outre un besoin moindre en ressources, ses usages dédiés, et sa robustesse, offre également une sécurité, via l’absence quasi totale de virus, logiciels espions, vers et chevaux de Troie.
Le système est simple d’utilisation permettant en un clic de faire toutes ses mises à jour et d’avoir les dernières versions logicielles stables.
Il ne nécessite pas de maintenance particulière (ni vidage de fichiers temporaires, ni logiciels toujours présents une fois enlevés, ni défragmentation...).
De plus, les standards de fichiers ouverts sont de plus en plus recommandés et proposés par défaut dans de nombreux logiciels présents sous Linux.
Enfin, rares sont les usages qui ne sont pas possibles sous Linux.
Problématique quantitative
La mise en place proposée à travers le schéma de procédé augmente de manière considérable la quantité d’ordinateurs remise en circulation.
Cette quantité est si importante que des reconditionneurs ne peuvent redistribuer cela uniquement à leurs adhérents ou clients, la demande serait alors inférieure à l’offre.
Considérons cependant l’exemple de Cévennes libre (www.cevenneslibres.net). Cette SCOP reconditionne des ordinateurs sous Linux en ayant accès au gisement primaire de DEEE (6 000 ordinateurs reconditionnés par an), et fournit ainsi en matériel informatique une partie des établissements scolaires de sa région, permettant une économie financière très importante à l’état, en faisant un pas de plus vers l’économie circulaire.
D’autres secteurs tels que la fonction publique ou les centres socio-culturels pourraient également utiliser des ordinateurs reconditionnés sous Linux, à l’instar de la gendarmerie ou du parlement français [1].
Habitudes
Il est évident que les habitudes des usagers sont un frein à un passage sous Linux. Il n’est pourtant pas plus compliqué de se mettre à Linux que de passer d’une version d’un système d’exploitation propriétaire à une autre.
Pour un passage sous Linux, il est possible de se former, via les différents accès aux droits à la formation. Les organismes de formations offrant ce genre de services sont nombreux.
Une partie des économies réalisées par la fourniture en matériels reconditionnés peut aussi être utilisée en vue du paiement de ces formations, au début de la transition.
Une autre possibilité est la formation interne par un salarié, le système Linux étant de plus en plus commun et simple à appréhender.
Le terminal
Linux à cette image du terminal en ligne de commande. Depuis bien longtemps déjà, l’interface graphique est très développée.
De plus, n’oublions pas que sous Windows et Macintosh aussi, il est possible de faire des lignes de commandes.
Les « experts » Windows
Les personnes aux postes de direction sont rarement des jeunes qui ont plus eu l’occasion de rencontrer Linux.
Certains décideurs qui n’ont connu que Windows et ont avec le temps une certaine expertise, ont peur de la perdre. Ne sachant pas trop vers quoi ils vont, ils peuvent facilement dénigrer la solution Linux.
Montrer le système rassure.
Parfois, ils ont été formés à être administrateurs Windows. Il est intéressant de voir que Windows utilise aussi des solutions Linux [2], bien que cela ne soit pas très connu du grand public.
Compatibilité des logiciels
Il est possible que des années d’utilisation d’un ordinateur sous système propriétaire aient engendré un stockage de documents dont les formats ne soient pas exploitables sous Linux.
Des structures telles que Liléo (www.lileo.fr) peuvent aider à la migration en informant sur les logiciels équivalents ou encore prendre en main la migration d’éléments tels que les bases de données ou la conversion de fichiers.
Cela permet ainsi de ne pas perdre les données avec le temps, en les gardant sous un format ouvert.
Enfin, si aucune application n’est existante ou pas assez développée pour des usages extrêmement spécifiques et rares, il est possible de participer au développement de ces logiciels sous forme de prestations. Les logiciels étant libres, plusieurs structures peuvent améliorer le même logiciel, répartissant ainsi les coûts.
Éducation nationale
Au sein de l’éducation nationale, la volonté d’introduire des tablettes ne permet pas encore l’utilisation de matériel reconditionné. Certains membres du corps enseignant se posent diverses questions sur l’impact économique et écologique de cette décision.
Le développement de la motricité fine est également en question. Aux États-Unis 45 États sur 50 ont décidé de faire disparaître l’écriture cursive et la Finlande met cela en place en 2016 et privilégie les notes via l’utilisation de l’informatique... Aux États-Unis, on voit déjà des enfants qui ne peuvent plus lire l’écriture cursive de leurs parents.
Malgré ces considérations, des ordinateurs reconditionnés pourraient être installés en milieu scolaire, si les appels d’offres séparaient les tablettes, des ordinateurs et des périphériques / consommables.
Afin de fournir les mêmes garanties que pour du matériel neuf aux structures scolaires, il y a nécessité d’apporter une garantie de deux ans sur le matériel reconditionné. Les économies seraient alors très conséquentes !
Plate-forme
Il y a nécessité de la mise en place d’une plate-forme DEEE informatique, priorisant les récupérations les moins impactantes plutôt que le recyclage des DEEE via Eco-systèmes. Ceci serait générateur de nouveaux emplois.
Valorisation artistique
Une recherche des études sur la toxicologie des composants est nécessaire.
Une information doit être faite au « consommateur » que le produit revalorisé est un DEEE et qu’il doit être traité comme tel quand il sera en fin de vie.
Les jonctions, soudures… éventuellement utilisées doivent permettre la séparation des composants au moment où le produit sera un DEEE.
Rencontre d’acteurs et interactions
Réunir les acteurs de terrain permettrait de se connaître dans un premier temps.
Cependant, il est vrai que certains aspects seront inexistants dans cette première approche.
Par exemple sur Nantes, des Fablabs existent. Dans le domaine du slow-tech sous licences libres, des prothèses pour personnes handicapée peuvent être réalisées ou encore des contrôleurs simplifiant la vie. L’aspect handicap et technologie peut avoir un impact social et humain important. L’approche des Fablabs est en plus basé sur l’autonomisation, le partage et l’entraide. A posteriori, il faudrait également intégrer des acteurs qui ne sont pas dans la gestion des DEEE.
Les DEEE sont en partie une matière première qui peut se coupler par la suite à d’autres matières, impliquant une analyse transversale et une vision de « symbiose industrielle ». Le terme est mal choisi dans ce cas, il s’applique pour l’instant essentiellement aux industries.
Une « symbiose sociale » prenant en compte l’aspect environnemental et doit être appuyée par les institutions, ceci étant leurs rôles « d’organisation » de la société.
De plus, cela générerait entre autre :
- des économies en termes de déchets
- des emplois qui n’existent pas pour l’instant
- des tarifs plus accessibles
- une plus grande coopération et donc stabilité économique et de gestion pour les structures de l’ESS
- une possibilité d’autonomisation de l’usager qui n’est plus simple consommateur
- une implication contre les nouvelles formes d’esclavage et des conflits extrêmement meurtriers